Calendrier de l'Avent 2021 - jour 21
Rédigé par Lou Morens
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Classé dans : Roman, Calendrier de l'Avent
Alex :
Je commençais à reprendre connaissance. Je me sentais encore vaseux, mais déjà aux aguets. Lorsque je voulus prendre mon revolver, je découvris avec horreur qu’il avait disparu. Je me souvins seulement à ce moment que je n’étais pas seul. Je fis un rapide tour d’horizon et je distinguai une silhouette, arme au poing. Je fus impressionné, de mémoire, la demoiselle qui m’avait littéralement sauté dessus semblait jeune, mais elle avait pris mon arme et la tenait correctement. J’étais encore trop endolori pour parler et me lever. La balle n’avait fait qu’effleurer mon épaule, mais la chute avait sans doute occasionné une légère commotion. Heureusement, je parvins à attraper ma deuxième arme, dans le plus grand silence.
Je vis les deux hommes surgir et menacer ma bienfaitrice. Ils ne m’avaient pas vu dans le noir et je pus les surprendre. J’admirais le sang-froid de cette jeune fille lorsque le deuxième homme se manifesta et qu’elle ne cilla pas. Je me dévoilai alors…
Je vis les deux hommes surgir et menacer ma bienfaitrice. Ils ne m’avaient pas vu dans le noir et je pus les surprendre. J’admirais le sang-froid de cette jeune fille lorsque le deuxième homme se manifesta et qu’elle ne cilla pas. Je me dévoilai alors…
— C’est toi qui vas lâcher ton arme !
Je tenais le deuxième homme en joue et me relevais doucement sans quitter ma cible des yeux. La jeune fille, quant à elle, menaçait toujours le premier assaillant. Voyant que notre agresseur ne lâchait pas son arme, je réitérai l’avertissement.
— Si tu dois me tuer, tu sais aussi qui je suis ! Alors, lâche ton arme ! Il n’y aura pas de troisième avertissement !
— Sûrement pas, capitaine Bridger !
Le malandrin n’osait plus bouger, il tenait, incrédule, ce qui restait de sa main ensanglantée. Je le menaçais toujours, puis sans le lâcher des yeux, je tournai mon arme vers le premier homme. Celui-ci, voyant son acolyte désarmé et blessé, leva tout de suite les mains et jeta son pistolet mitrailleur devant la jeune femme.
— Viens par ici ! ordonnai-je au premier homme.
L’homme ne se fit pas prier et se précipita à côté de son compagnon. La jeune fille se retourna doucement pour les observer. Les sirènes de la voiture de police se rapprochaient à toute vitesse. Deux policiers approchèrent, je les interpellai directement en arborant ma carte.
— Capitaine Alexandre Bridger, Nations Unies ! Emmenez ces deux-là directement au dépôt !
Les policiers emmenèrent les deux malandrins dans la voiture, me rendirent mon téléphone et ramassèrent le pistolet mitrailleur. Je refusai qu’ils appellent des secours, je ne les écoutais déjà plus, je préférais me concentrer sur celle qui venait de me sauver la vie. Elle regardait maintenant le sol et tenait toujours mon arme, mais la serrait si fort que tous les muscles de son bras semblaient tétanisés. Je m’approchai doucement, je ne voulais pas l’effrayer davantage. Elle leva enfin la tête lorsque j’arrivai à sa hauteur. Ses bras pendaient le long de son corps. Après l’avoir considérée quelques instants, je fis doucement descendre ma main le long de son bras et agrippai mon arme. Elle me regardait toujours, je lui souris, mais elle ne lâchait pas l’arme. Je lui parlai alors sur un ton très doux :
— Il n’y a plus de danger, vous pouvez lâcher mademoiselle.
Elle sembla reprendre ses esprits. Ses muscles se décrispèrent. Je récupérai aussitôt le revolver et le rangeai à sa place.
— Merci… Vous venez de me sauver la vie, par deux fois en quelques minutes… Je vous suis redevable…
Elle semblait réaliser enfin ce que je disais et sortit de son mutisme. J’étudiais la moindre de ses réactions, tant j’étais impressionné et tant j’avais peur qu’elle ne se remette pas de cette malheureuse rencontre.
— Ce n’est rien… c’est normal… balbutia-t-elle.
— Ce n’est pas rien ! Je ne connais pas beaucoup de personnes capables de réagir aussi rapidement.
— Votre bras, il faut le soigner, murmura-t-elle alors.
— Je vais y aller. Pardonnez-moi, je ne me suis même pas présenté, ajoutai-je avec un petit sourire.
— Je sais qui vous êtes, vous êtes archiviste, vous travaillez au bâtiment des Nations Unies. Je vous ai déjà rencontré. Je devais effectuer des recherches pour un devoir…
La jeune fille me parlait doucement, comme si elle avait peur de faire erreur, tout cela devait lui sembler irréel…
— Vous avez raison, j’aimerais que vous veniez avec moi. Vous avez vécu des choses assez éprouvantes. Je veux m’assurer que vous allez bien.
— Je vais bien, je vous remercie.
— J’en doute. Permettez-moi d’insister.
Je pris délicatement la main de cette jeune fille et comme quelques minutes plus tôt, je l’entraînai vers la maison d’un ami, celui chez qui je me rendais initialement. Nous marchions doucement et je n’avais de cesse de surveiller les réactions de cette demoiselle.
Baptiste nous ouvrit, il voulut m’aider dès qu’il aperçut le sang sur mon imperméable, mais je lui fis signe de regarder à mes côtés. Il me regarda étrangement et je lui rendis son regard, avant de faire entrer ma jeune compagne à l’intérieur. Mon bras était endolori et je n’avais pas senti qu’elle me serrait si fort. Je lui souris et lui parlai doucement.
— Nous sommes arrivés, vous êtes en sûreté ici.
Lorsque je fus enfin assis, je m’autorisai à observer cette jeune fille. Elle semblait plus déconcertée par ce qui se trouvait dans la vitrine de Baptiste que par ce qu’elle venait de vivre. J’étais plus étourdi qu’elle ne semblait l’être. Il faut avouer que les douleurs lancinantes ne m’aidaient pas à réfléchir. Tant de questions me venaient à l’esprit, autant celles que je voulais lui poser que celles qui m’assaillaient. J’avais peine à me l’avouer, mais cette jeune personne m’avait fortement impressionné. Je la questionnai alors, sur un ton que je n’aurais jamais dû employer avec une personne qui venait de me sauver. Je perdis de vue quelques minutes que ce n’était pas un interrogatoire…
— À qui dois-je mon salut ?
— Solène Andersen.
— Quel âge avez-vous ?
— Quinze ans et demi, bientôt seize.
— Que faites-vous cette année ?
Son hésitation à me répondre et l’expression soudaine de ce jeune visage me firent immédiatement comprendre que j’étais allé trop loin. Je me ravisai et m’efforçai de sourire, malgré la douleur de plus en plus lancinante.
— J’étudie à l’école secondaire en cinquième… (Dans le système scolaire belge, la cinquième est la deuxième année du cycle supérieur de l’école secondaire (16/17 ans)
— Vous êtes bien jeune pour être en cinquième, lui répondis-je avec un petit sourire et un clin d’œil.
— J’ai un an d’avance, m’avoua-t-elle un peu plus détendue.
Baptiste revint avec un chocolat chaud, dans lequel il avait ajouté quelques plantes apaisantes. Il tendit le chocolat à Solène qui le remercia et le goûta aussitôt. Je ne pus m’empêcher de sourire en voyant le bien-être que le chocolat lui procura immédiatement. J’échangeai un regard avec Baptiste qui me répondit d’un clin d’œil. J’enlevai ensuite tant bien que mal ma veste et ma chemise. Baptiste nettoya la plaie et la pansa en un temps record sous le regard admiratif de notre hôte. Dès que Baptiste eut terminé de me soigner, je repris notre conversation.
— Baptiste, je te présente Solène Andersen. Si elle n’avait pas fait preuve d’un grand sang-froid ce soir, je ne serais plus là.
Je me concentrai de nouveau sur Solène.
— Solène, voici Baptiste Le Bel, un vieil ami qui travaille avec moi… Je vais vous donner une explication sur ce que vous avez entendu.
Baptiste me dévisagea avec un air réprobateur. Je sentais que mon enthousiasme l’inquiétait quelque peu. Il faut dire que j’étais devenu taciturne avec les années, cela faisait très longtemps que je n’avais pas ressenti une telle excitation et je voyais bien que Baptiste n’était pas dupe. J’échangeai un long regard avec lui, avant de me concentrer de nouveau sur ma jeune protégée.
— Je sais ce que je fais, Baptiste… Comme vous le savez, je m’appelle Alexandre Bridger, je suis effectivement en poste aux archives des Nations Unies, mais je travaille en fait pour une de leurs sections secrètes. Vous ne devez parler à personne de ce que vous avez vu et entendu ce soir. Mes activités me servent de couverture. Je suis sincèrement désolé que vous vous soyez retrouvée mêlée à cela.
Plus je parlais, plus les yeux de la jeune fille brillaient, le chocolat agissait sans doute déjà, mais je sentais que mes mots éveillaient sa curiosité au lieu de l’effrayer. Baptiste le remarqua aussi et me donna une petite tape dans le dos, nous échangeâmes une fois de plus un regard furtif.
Je tenais le deuxième homme en joue et me relevais doucement sans quitter ma cible des yeux. La jeune fille, quant à elle, menaçait toujours le premier assaillant. Voyant que notre agresseur ne lâchait pas son arme, je réitérai l’avertissement.
— Si tu dois me tuer, tu sais aussi qui je suis ! Alors, lâche ton arme ! Il n’y aura pas de troisième avertissement !
— Sûrement pas, capitaine Bridger !
Le malandrin n’osait plus bouger, il tenait, incrédule, ce qui restait de sa main ensanglantée. Je le menaçais toujours, puis sans le lâcher des yeux, je tournai mon arme vers le premier homme. Celui-ci, voyant son acolyte désarmé et blessé, leva tout de suite les mains et jeta son pistolet mitrailleur devant la jeune femme.
— Viens par ici ! ordonnai-je au premier homme.
L’homme ne se fit pas prier et se précipita à côté de son compagnon. La jeune fille se retourna doucement pour les observer. Les sirènes de la voiture de police se rapprochaient à toute vitesse. Deux policiers approchèrent, je les interpellai directement en arborant ma carte.
— Capitaine Alexandre Bridger, Nations Unies ! Emmenez ces deux-là directement au dépôt !
Les policiers emmenèrent les deux malandrins dans la voiture, me rendirent mon téléphone et ramassèrent le pistolet mitrailleur. Je refusai qu’ils appellent des secours, je ne les écoutais déjà plus, je préférais me concentrer sur celle qui venait de me sauver la vie. Elle regardait maintenant le sol et tenait toujours mon arme, mais la serrait si fort que tous les muscles de son bras semblaient tétanisés. Je m’approchai doucement, je ne voulais pas l’effrayer davantage. Elle leva enfin la tête lorsque j’arrivai à sa hauteur. Ses bras pendaient le long de son corps. Après l’avoir considérée quelques instants, je fis doucement descendre ma main le long de son bras et agrippai mon arme. Elle me regardait toujours, je lui souris, mais elle ne lâchait pas l’arme. Je lui parlai alors sur un ton très doux :
— Il n’y a plus de danger, vous pouvez lâcher mademoiselle.
Elle sembla reprendre ses esprits. Ses muscles se décrispèrent. Je récupérai aussitôt le revolver et le rangeai à sa place.
— Merci… Vous venez de me sauver la vie, par deux fois en quelques minutes… Je vous suis redevable…
Elle semblait réaliser enfin ce que je disais et sortit de son mutisme. J’étudiais la moindre de ses réactions, tant j’étais impressionné et tant j’avais peur qu’elle ne se remette pas de cette malheureuse rencontre.
— Ce n’est rien… c’est normal… balbutia-t-elle.
— Ce n’est pas rien ! Je ne connais pas beaucoup de personnes capables de réagir aussi rapidement.
— Votre bras, il faut le soigner, murmura-t-elle alors.
— Je vais y aller. Pardonnez-moi, je ne me suis même pas présenté, ajoutai-je avec un petit sourire.
— Je sais qui vous êtes, vous êtes archiviste, vous travaillez au bâtiment des Nations Unies. Je vous ai déjà rencontré. Je devais effectuer des recherches pour un devoir…
La jeune fille me parlait doucement, comme si elle avait peur de faire erreur, tout cela devait lui sembler irréel…
— Vous avez raison, j’aimerais que vous veniez avec moi. Vous avez vécu des choses assez éprouvantes. Je veux m’assurer que vous allez bien.
— Je vais bien, je vous remercie.
— J’en doute. Permettez-moi d’insister.
Je pris délicatement la main de cette jeune fille et comme quelques minutes plus tôt, je l’entraînai vers la maison d’un ami, celui chez qui je me rendais initialement. Nous marchions doucement et je n’avais de cesse de surveiller les réactions de cette demoiselle.
Baptiste nous ouvrit, il voulut m’aider dès qu’il aperçut le sang sur mon imperméable, mais je lui fis signe de regarder à mes côtés. Il me regarda étrangement et je lui rendis son regard, avant de faire entrer ma jeune compagne à l’intérieur. Mon bras était endolori et je n’avais pas senti qu’elle me serrait si fort. Je lui souris et lui parlai doucement.
— Nous sommes arrivés, vous êtes en sûreté ici.
Lorsque je fus enfin assis, je m’autorisai à observer cette jeune fille. Elle semblait plus déconcertée par ce qui se trouvait dans la vitrine de Baptiste que par ce qu’elle venait de vivre. J’étais plus étourdi qu’elle ne semblait l’être. Il faut avouer que les douleurs lancinantes ne m’aidaient pas à réfléchir. Tant de questions me venaient à l’esprit, autant celles que je voulais lui poser que celles qui m’assaillaient. J’avais peine à me l’avouer, mais cette jeune personne m’avait fortement impressionné. Je la questionnai alors, sur un ton que je n’aurais jamais dû employer avec une personne qui venait de me sauver. Je perdis de vue quelques minutes que ce n’était pas un interrogatoire…
— À qui dois-je mon salut ?
— Solène Andersen.
— Quel âge avez-vous ?
— Quinze ans et demi, bientôt seize.
— Que faites-vous cette année ?
Son hésitation à me répondre et l’expression soudaine de ce jeune visage me firent immédiatement comprendre que j’étais allé trop loin. Je me ravisai et m’efforçai de sourire, malgré la douleur de plus en plus lancinante.
— J’étudie à l’école secondaire en cinquième… (Dans le système scolaire belge, la cinquième est la deuxième année du cycle supérieur de l’école secondaire (16/17 ans)
— Vous êtes bien jeune pour être en cinquième, lui répondis-je avec un petit sourire et un clin d’œil.
— J’ai un an d’avance, m’avoua-t-elle un peu plus détendue.
Baptiste revint avec un chocolat chaud, dans lequel il avait ajouté quelques plantes apaisantes. Il tendit le chocolat à Solène qui le remercia et le goûta aussitôt. Je ne pus m’empêcher de sourire en voyant le bien-être que le chocolat lui procura immédiatement. J’échangeai un regard avec Baptiste qui me répondit d’un clin d’œil. J’enlevai ensuite tant bien que mal ma veste et ma chemise. Baptiste nettoya la plaie et la pansa en un temps record sous le regard admiratif de notre hôte. Dès que Baptiste eut terminé de me soigner, je repris notre conversation.
— Baptiste, je te présente Solène Andersen. Si elle n’avait pas fait preuve d’un grand sang-froid ce soir, je ne serais plus là.
Je me concentrai de nouveau sur Solène.
— Solène, voici Baptiste Le Bel, un vieil ami qui travaille avec moi… Je vais vous donner une explication sur ce que vous avez entendu.
Baptiste me dévisagea avec un air réprobateur. Je sentais que mon enthousiasme l’inquiétait quelque peu. Il faut dire que j’étais devenu taciturne avec les années, cela faisait très longtemps que je n’avais pas ressenti une telle excitation et je voyais bien que Baptiste n’était pas dupe. J’échangeai un long regard avec lui, avant de me concentrer de nouveau sur ma jeune protégée.
— Je sais ce que je fais, Baptiste… Comme vous le savez, je m’appelle Alexandre Bridger, je suis effectivement en poste aux archives des Nations Unies, mais je travaille en fait pour une de leurs sections secrètes. Vous ne devez parler à personne de ce que vous avez vu et entendu ce soir. Mes activités me servent de couverture. Je suis sincèrement désolé que vous vous soyez retrouvée mêlée à cela.
Plus je parlais, plus les yeux de la jeune fille brillaient, le chocolat agissait sans doute déjà, mais je sentais que mes mots éveillaient sa curiosité au lieu de l’effrayer. Baptiste le remarqua aussi et me donna une petite tape dans le dos, nous échangeâmes une fois de plus un regard furtif.