Calendrier de l'Avent 2021 - jour 22
Rédigé par Lou Morens
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Classé dans : Roman, Calendrier de l'Avent
Lorsque le professeur me demanda de rejoindre le lac avec Rozenn, il me dit seulement qu’il était temps de reprendre mes vieilles habitudes. Je ne compris son allusion que lorsqu’en descendant de l’hélicoptère, j’aperçus une silhouette si familière, celle du commandant Alexandre Bridger. Je ne l’avais pas vu depuis presque neuf années terrestres. Lorsqu’il se retourna et m’aperçut, je le vis murmurer mon nom, incrédule. Le professeur l’avait aussi laissé dans l’ignorance. Je repensai un court instant, au jeune homme qui était entré l’arme au poing dans ma base, il y a presque vingt ans de cela. Je fus ému et heureux de travailler avec lui sur cette affaire. Malgré la joie qui m’envahissait, mes yeux furent vite détournés par la jeune personne qui l’accompagnait. Je la connaissais de nom et de réputation bien sûr, mais la voir, là, devant moi, m’émut bien plus que de revoir Alex. Elle était jeune, fraîche, enthousiaste et en même temps si triste derrière son sourire. Je souriais intérieurement en la voyant détailler mon costume. Nous arrivâmes à leur hauteur rapidement et je saluai d’abord Alex qui ne m’avait pas quitté des yeux depuis qu’il nous avait aperçus.
— Alex, mademoiselle, je vous présente Rozenn Jones, ma médecine légiste.
— Je suis enchanté, Rozenn. Je vous présente Solène Andersen. Solène, voici Jack Cooper, le Veilleur.
Je sentis un frisson parcourir la jeune femme lorsque je lui serrai la main et qu’elle me rendit mon sourire. Un homme en uniforme nous héla depuis le camion relais. Il nous fit un rapide état de la situation, il ne nous apporta aucune autre information que celles que le professeur nous avait déjà fournies. Il nous remit ensuite une pochette avec les dossiers personnels des scientifiques, les rapports quotidiens qu’ils avaient reçus, ainsi que des sacs qui contenaient quelques vivres et un itinéraire pour rejoindre le poste de garde. Savait-il que je connaissais parfaitement cette région ?
Le voyage jusqu’aux abords de la zone protégée fut silencieux. Je marchais devant avec Alex. Il semblait heureux et troublé, il voulait sans doute cacher à sa jeune équipière les émotions qui l’envahissaient, même si celle-ci n’était pas dupe. La voir surveiller son équipier discrètement m’amusa quelque peu.
À quelques mètres de la frontière, j’arrêtai mes compagnons et je m’adressai à Alex, comme auparavant.
— Alex, nous arrivons à la zone. Un Centaure sentinelle nous attend à cent mètres environ, dans une petite hutte en bois et paillis.
— Elle va bientôt s’écrouler, s’il n’y prend pas garde… Sait-il que nous sommes armés ?
— Le professeur les a prévenus. Ils ont dû accepter, compte tenu des circonstances… Je te laisse lui montrer nos habilitations, commandant ?
— Cette charge revient au Veilleur…
Je lui souris et nous échangeâmes un regard complice. Alex paraissait un peu plus détendu, ce qui me rassura pour la suite. Je voyais à l’expression de nos compagnes qu’aucune d’elles n’avisait encore le poste de garde. Toutes deux ne découvrirent la hutte et le garde qu’après être passées de l’autre côté du filtre de perception. Je surveillais discrètement leur réaction, Alex m’imitait. Les yeux de Rozenn s’émerveillèrent en découvrant Heerais, il faut avouer qu’il était bel homme. Il était grand, dans la force de l’âge, son pelage noir de jais, les traits de son visage étaient doux, sa voix grave et sa hauteur le rendaient impressionnant. Je serrai la main qu’il me tendait en souriant avant de lui remettre nos habilitations.
— Monsieur Cooper, j’aimerais vous dire que c’est un plaisir de vous voir ici, mais les circonstances ne s’y prêtent guère… Monsieur Bridger, madame Jones, mademoiselle Andersen, je suis enchanté de vous rencontrer.
Il serra ensuite la main d’Alex et baisa celles de Solène et Rozenn. Je savais, par Baptiste et Charlie, que Solène avait déjà rencontré des Centaures et connaissait un peu leurs coutumes, ce n’était pas le cas de Rozenn, qui fut agréablement surprise. Cette pratique n’était plus vraiment de mise dans le monde où nous vivions…
— Heerais, toujours de garde ?
— Peu d’entre nous acceptent de rester des heures ici à surveiller ce qui se passe. Nous aurions bien besoin que quelqu’un rappelle aux jeunes leurs devoirs, aussi bien chez les Centaures que chez les Alfes…
— Je passerai vous voir lors du prochain marché. Comment vont votre femme et votre fils et vos filles ?
— Très bien, nous attendons un deuxième fils pour la fin de l’été.
— Mes félicitations…
— J’espère que tout se passera bien, Diane n’est plus toute jeune.
— Je pourrai vous envoyer ma médecine, Rozenn que voici, le moment venu.
— Je serai rassuré, merci, monsieur Cooper.
— C’est donc convenu, Rozenn vous assistera.
— En attendant, votre travail vous attend. Une barque a été préparée pour vous permettre de rejoindre l’île.
Heerais nous expliqua le chemin à suivre jusqu’au lac où une barque était amarrée. Alex monta en premier, pour mettre en place les sacs que je lui avançais. Nos gestes étaient parfaitement coordonnés, ce qui n’échappa pas à nos compagnes. Nous avions repris nos vieilles habitudes. Rozenn et Solène embarquèrent ensuite. Un nouveau frisson parcourut la jeune femme, lorsque je lui pris la main pour l’aider à prendre place et qu’elle croisa mon regard. Malgré moi, j’en fus quelque peu troublé. Je montai en dernier, après avoir libéré l’embarcation. Nous fîmes force de rames pour accoster rapidement sur une petite plage.
— Alex, mademoiselle, je vous présente Rozenn Jones, ma médecine légiste.
— Je suis enchanté, Rozenn. Je vous présente Solène Andersen. Solène, voici Jack Cooper, le Veilleur.
Je sentis un frisson parcourir la jeune femme lorsque je lui serrai la main et qu’elle me rendit mon sourire. Un homme en uniforme nous héla depuis le camion relais. Il nous fit un rapide état de la situation, il ne nous apporta aucune autre information que celles que le professeur nous avait déjà fournies. Il nous remit ensuite une pochette avec les dossiers personnels des scientifiques, les rapports quotidiens qu’ils avaient reçus, ainsi que des sacs qui contenaient quelques vivres et un itinéraire pour rejoindre le poste de garde. Savait-il que je connaissais parfaitement cette région ?
Le voyage jusqu’aux abords de la zone protégée fut silencieux. Je marchais devant avec Alex. Il semblait heureux et troublé, il voulait sans doute cacher à sa jeune équipière les émotions qui l’envahissaient, même si celle-ci n’était pas dupe. La voir surveiller son équipier discrètement m’amusa quelque peu.
À quelques mètres de la frontière, j’arrêtai mes compagnons et je m’adressai à Alex, comme auparavant.
— Alex, nous arrivons à la zone. Un Centaure sentinelle nous attend à cent mètres environ, dans une petite hutte en bois et paillis.
— Elle va bientôt s’écrouler, s’il n’y prend pas garde… Sait-il que nous sommes armés ?
— Le professeur les a prévenus. Ils ont dû accepter, compte tenu des circonstances… Je te laisse lui montrer nos habilitations, commandant ?
— Cette charge revient au Veilleur…
Je lui souris et nous échangeâmes un regard complice. Alex paraissait un peu plus détendu, ce qui me rassura pour la suite. Je voyais à l’expression de nos compagnes qu’aucune d’elles n’avisait encore le poste de garde. Toutes deux ne découvrirent la hutte et le garde qu’après être passées de l’autre côté du filtre de perception. Je surveillais discrètement leur réaction, Alex m’imitait. Les yeux de Rozenn s’émerveillèrent en découvrant Heerais, il faut avouer qu’il était bel homme. Il était grand, dans la force de l’âge, son pelage noir de jais, les traits de son visage étaient doux, sa voix grave et sa hauteur le rendaient impressionnant. Je serrai la main qu’il me tendait en souriant avant de lui remettre nos habilitations.
— Monsieur Cooper, j’aimerais vous dire que c’est un plaisir de vous voir ici, mais les circonstances ne s’y prêtent guère… Monsieur Bridger, madame Jones, mademoiselle Andersen, je suis enchanté de vous rencontrer.
Il serra ensuite la main d’Alex et baisa celles de Solène et Rozenn. Je savais, par Baptiste et Charlie, que Solène avait déjà rencontré des Centaures et connaissait un peu leurs coutumes, ce n’était pas le cas de Rozenn, qui fut agréablement surprise. Cette pratique n’était plus vraiment de mise dans le monde où nous vivions…
— Heerais, toujours de garde ?
— Peu d’entre nous acceptent de rester des heures ici à surveiller ce qui se passe. Nous aurions bien besoin que quelqu’un rappelle aux jeunes leurs devoirs, aussi bien chez les Centaures que chez les Alfes…
— Je passerai vous voir lors du prochain marché. Comment vont votre femme et votre fils et vos filles ?
— Très bien, nous attendons un deuxième fils pour la fin de l’été.
— Mes félicitations…
— J’espère que tout se passera bien, Diane n’est plus toute jeune.
— Je pourrai vous envoyer ma médecine, Rozenn que voici, le moment venu.
— Je serai rassuré, merci, monsieur Cooper.
— C’est donc convenu, Rozenn vous assistera.
— En attendant, votre travail vous attend. Une barque a été préparée pour vous permettre de rejoindre l’île.
Heerais nous expliqua le chemin à suivre jusqu’au lac où une barque était amarrée. Alex monta en premier, pour mettre en place les sacs que je lui avançais. Nos gestes étaient parfaitement coordonnés, ce qui n’échappa pas à nos compagnes. Nous avions repris nos vieilles habitudes. Rozenn et Solène embarquèrent ensuite. Un nouveau frisson parcourut la jeune femme, lorsque je lui pris la main pour l’aider à prendre place et qu’elle croisa mon regard. Malgré moi, j’en fus quelque peu troublé. Je montai en dernier, après avoir libéré l’embarcation. Nous fîmes force de rames pour accoster rapidement sur une petite plage.